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12 septembre 2015 6 12 /09 /septembre /2015 20:49
Expériences célèbres : l'expérience de Stanley MILGRAM

Stanley MILGRAM (1933-1984) était un psychologue social états-unien. Il est connu pour une expérience sur la soumission à l'autorité faite de 1960 à 1963, expérience qui porte aujourd'hui son nom.

Cet homme a conçu une expérience pour expliquer le massacre des juifs et des minorités dans les camps de concentration. En effet, lorsque les nazis ont été jugés pour leurs crimes, une réponse courante a été de dire que ce n'était pas de leur faute, qu'ils se contentaient d'exécuter des ordres.

Les Allemands étaient-ils au fond mauvais, dotés d'un coeur de pierre, ou alors ce phénomène pouvait-il se produire dans n'importe quelle société qui en offrirait les conditions propices ? Pour comprendre, Stabley MILGRAM est passé au stade de l'expérimentation.

En quoi consiste l'expérience ?

Il y a trois personnes.
La première, l'expérimentateur, donne les ordres.
La seconde, le sujet naïf, est celui qui est censé obéir au premier. On lui dit que l'expérience concerne la mémoire et l'apprentissage (ce qui est faux).
La troisième se fait passer pour un deuxième sujet. C'est en fait un complice de l'expérimentateur qui va jouer un jeu d'acteur.

Au préalable, on dit au sujet qu'il recevra une somme d'argent, et ce quoiqu'il arrive ensuite.
Le sujet naïf (l'enseignant) va demander à l'acteur (l'élève) de réciter des paires de mots. Si l'élève n'y arrive pas, alors l'enseignant lui infligera une décharge électrique.
L'acteur se présente comme étant un autre participant. Un tirage au sort avec des bouts de papier se fait pour déterminer qui sera l'élève et qui sera l'enseignant. C'est en fait un tirage au sort truqué de façon à ce que l'acteur complice soit l'élève.

Stanley MILGRAM a réussi à donner une dimension numérique à son étude. Il a formalisé un phénomène humain avec des nombres.
Comment s'y-est-il pris ?
À chaque erreur de l'élève, l'expérimentateur ordonne à l'enseignant (le sujet naïf) d'infliger une décharge électrique à l'élève (l'acteur). À chaque erreur, le voltage augmente de 15 volts. La première fois c'est 15 volts, la seconde c'est 30 Volts, et ainsi de suite jusqu'à 450 volts. Milgram a placé des étiquettes indiquant le niveau de choc.

De 75 à 120 volts : Modéré
De 135 à 180 volts : Fort
De 375 à 420 volts : Danger : choc sévère
De 435 et 450 volts : XXX

La question est la suivante : jusqu'à quel point le sujet sera-t-il obéissant dans l'exécution d'un acte violent ?

L'acteur ne subit en fait aucune décharge électrique. Il mime la douleur. Voici ce qu'il disait :

75 volts : Aïe !
90 volts : Aïe !
105 volts : Aïe ! (plus fort)
120 volts : Aïe ! Hé, ça fait vraiment mal.
135 volts : Aïe !
150 volts : Aïe ! Expérimentateur ! C'est fini. Sortez-moi d'ici. Je vous ai dit que j'avais des problèmes cardiaques. L'état de mon coeur commence à m'inquiéter maintenant. Sortez-moi d'ici, s'il vous plaît. L'état de mon coeur commence à m'inquiéter. Je refuse de continuer. Laissez-moi sortir.
165 volts : (en criant) Aïe ! Laissez-moi sortir !
180 volts : (en criant) Aïe ! Je ne supporte pas la douleur. Laissez-moi sortir d'ici !
195 volts : Aïe ! Laissez-moi sortir d'ici. Laissez-moi sortir d'ici. L'état de mon coeur m'inquiète. Laissez-moi sortir d'ici ! Vous n'avez pas le droit de me garder ici ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir d'ici ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir d'ici ! L'état de mo coeur m'inquiète. Laissez-moi sortir ! Laissez-moi srtir !
210 volts : Aïe ! Expérimentateur ! Sortez-moi d'ici. J'en ai assez. Je ne partcipe plus à l'expérience.
225 volts : Aïe !
240 volts : Aïe !
255 volts : Aïe ! Faites-moi sortir d'ici.
270 volts : (en criant) Laissez-moi sortir d'ici. Laissez-moi sortir d'ici. Laissez-moi sortir d'ici. Laissez-moi sortir. Est-ce que vous m'entendez ? Laissez-moi sortir d'ici.
285 volts : (cris)
300 volts : (en criant) Je refuse totalement de répondre à présent. Sortez-moi d'ici. Vous ne pouvez pas me retenir ici. Faites-moi sortir d'ici.
315 volts : (En hurlant) Je vous ai dit que je refuse de répondre. Je ne participe plus à cette expérience.
330 volts : (hurlement intense et prolongé) Laissez-moi sortir d'ici. Laissez-moi sortir d'ici. L'état de mon coeur m'inquiète. Laissez-moi sortir, je vous dis. (Hystérique) Laissez-moi sortir d'ici. Laissez-moi sortir d'ici. Vous n'avez pas le droit de me retenir ici. Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir d'ici ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir !
345-435 volts : (silence)
450 volts : (silence)
450 volts : (silence)
450 volts : (silence)

L'expérimentateur mettait fin à l'expérience après 3 chocs à 450 Volts.

L'expérimentateur n'avait le droit de dire que des phrases du type : "Veuillez continuer.", "Veuillez poursuivre.", "L'expérience nécessite que vous poursuiviez.", "Il est absolument essentiel que vous continuiez.", "Vous n'avez pas le choix, vous devez poursuivre." L'expérimentateur commençait avec les phrases les plus douces et devenait de plus en plus autoritaire à mesure que le sujet naïf lui adresse la parole.

Les experts de l'époque s'attendaient à n'observer que 1-3 % des sujets allant jusqu'à la décharge de 450 volts. Ils pensaient que seuls des sujets pathologiques, psychopathiques, étaient capable d'une telle chose. En fait, 65 % des sujets sont allés jusqu'à 450 volts.

65 % de chiens serviles, mon captain !

Je sais pas pour vous, mais j'adooooore la viande de mouton !

Ce qui est tragique dans l'expérience, c'est l'étendue de la caractéristique "servilité" dans les populations humaines étudiées. En effet, sur les 40 sujets étudiés par Milgram, un taux honteux (100 %) est allé jusqu'à 300 volts.

Petites statistiques avant de passer à la conclusion :

  • 65 % des hommes sont allés jusqu'à 450 volts ;
  • 65 % des femmes sont allées jusqu'à 450 volts ;
  • le taux chute à 2,5 % si le sujet a le choix du niveau du choc ;
  • le taux chute à 0 % si 2 expérimentateurs s'opposent, l'un disant de poursuivre, l'autre d'arrêter.

Conclusion :

Mon expérience des votes va au-delà du bureau de vote communal : j'ai participé à des votes dans des réunions syndicales, dans des assemblées générales universitaires, dans des réunions d'élus universitaires. Et j'ai constaté sans cesse la même chose : telle personne propose une décision à prendre. Quelle que soit la valeur de la décision, l'immense majorité des gens vote pour. C'est une vérité générale. Par exemple, lors d'une réunion de la section sciences de l'Université Blaise Pascal, nous avons soumis au vote la décision suivante : Accepte-t-on le principe de réduction budgétaire ? C'était une décision idiote, qui réduit la capacité de l'université à offrir un enseignement. Pourtant, je suis le seul à avoir voté contre.

Expériences célèbres : l'expérience de Stanley MILGRAM

Dans le fond, je pense qu'il s'agit simplement pour les gens d'apprendre à dire Non. Puisse notre courage être plus fort que notre stupidité.

Notes :

Sources : https://explorable.com/fr/stanley-milgram-experiment-fr
http://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=60&Itemid=2
L'original (sincèrement je ne l'ai pas lu) : http://www.amazon.com/gp/product/B000IG7WSO?ie=UTF8&tag=experiresour-20&linkCode=as2&camp=1789&creative=9325&creativeASIN=B000IG7WSO

 

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