Il faut penser la lutte autrement. Les gens et les flics se foutent de la grève de la faim. Ils se foutent des sans-papiers. Ils s'en foutent si on crève. Les gens bouffent des lames de rasoir tous les jours et on n'entend pas parler d'eux. Les petits trucs qu'on fait ne valent pas le coup. [...] Il faut que ça pète pour qu'ils s'intéressent à nous.
Extrait du livre Feu au centre de rétention
Peut-être pensez-vous que cette réplique est extrémiste. Est-ce vraiment le cas ? Vous pourrez vous forger votre opinion grâce aux informations qui vont suivre.
I Qu'est-ce qu'un sans-papiers ?
II Le quotidien d'un sans-papiers
III La rétention
IV L'expulsion
V Les lois appliquées
VI Quelles solutions ?
I Qu'est-ce qu'un sans-papiers ?
Un sans-papiers est un étranger vivant en France qui ne possède pas de titre de séjour. C'est un étranger en situation illégale.
Il n'est pas jugé sur sa personnalité, sur ses actes, mais uniquement sur le fait qu'il n'ait pas de titre de séjour. Un sans-papiers peut tout-à-fait être un travailleur sérieux et une personne généreuse, le fait qu'il ne possède pas le papier requis le met en dehors du cadre de la loi. Cette irrégularité le menace d'être emprisonné et expulsé du territoire français. C'est pourquoi on entend parfois dire que les sans-papiers ne sont pas dangereux, mais qu'ils sont en danger.
II Le quotidien d'un sans-papiers
1- Le logement
2- Le travail
3- Les frais administratifs
4- L'estime de soi
5- La peur
1- Le logement
La plupart des sans-papiers sont sans domicile fixe. Ils dorment dans le hall des urgences à l'hôpital, dans un hôtel, voire même dehors. Le service d'hébergement d'urgence au numéro 115... est le plus souvent saturé.
Leur situation ne leur permet pas de trouver un logement décent.
2- Le travail
La plupart des métiers sont interdits aux sans-papiers1. Lorsqu'ils ont trouvé du travail, ils sont souvent embauchés dans le secteur du bâtiment. On les fait travailler au noir, payés en deçà des minima légaux garantis par le code du travail. Ce sont des esclaves modernes, hébergés par leur patron, c'est comme si ce dernier les tenait par les couilles, vous me pardonnerez l'expression.
Il en résulte que les sans-papiers sont pauvres.
3- Les frais administratifs
Naturellement, les sans-papiers cherchent à se faire régulariser. (Se faire régulariser, cela signifie obtenir le titre de séjour.) Ils s'engagent alors dans de longues procédures administratives où on leur fait toujours "cracher l'argent"2.
4- L'estime de soi
Les sans-papiers souffrent d'un important manque d'estime de soi. Ils se sentent blessés lorsqu'on les traite de "clochards", ou même de "sans-papiers", ils aspirent, et de loin, à vivre dans une meilleure condition.
5- La peur
Le quotidien d'un sans-papiers, c'est de vivre dans la peur. Peur de quoi ? Vous allez le découvrir dans les sections suivantes.
III La rétention
Lorsque la police décide d'expulser un sans-papiers, ils l'arrêtent et l'emmènent séjourner dans une prison spéciale : un CRA, Centre de Rétention Administrative.
Quelle est alors la condition des sans-papiers ?
Dimanche 13 janvier
"Tous les matins, on nous fouille. On descend au réfectoire vers 9 heures. Souvent, le café est froid. Lorsqu'on le signale, les policiers répondent qu'ils sont uniquement là pour nous surveiller. Ce midi, on nous a servi des haricots blancs périmés depuis le 5 janvier. Quand on l'a signalé, ils ont à nouveau répondu qu'ils ne voulaient rien savoir. Nous sommes partis voir la Cimade avec les barquettes périmées pour leur demander de témoigner. Quand on se repose, les policiers viennent fouiller les chambres. La nuit, ils sont dans le couloir. Si on doit aller aux toilettes, ils nous suivent et laissent la porte ouverte. Pour déranger notre sommeil, ils mettent l'alarme entre minuit et 1 heure.3
Pour ne pas partir, il s'est ouvert la jambe avec la lame du rasoir, en allant prendre sa douche. Il a failli se couper une veine. Ils l'ont emmené à l'hôpital. Ils l'ont ramené hier soir. Je lui ai dit que c'était une connerie. Depuis que je suis ici, quatre ou cinq gars ont fait des tentatives de suicide pour ne pas être expulsés. Certains se pendent, d'autres avalent des pièces de monnaie.4
Dimanche 22 juin
Hier, un retenu est mort au CRA 2.
"Le monsieur qui est mort hier n'était pas cardiaque. Avant de rentrer au centre, il prenait déjà des médicaments tous les jours, il avait une ordonnance du médecin. Il demandait des médicaments et on ne voulait pas lui en donner. L'infirmière ne lui donnait pas sa dose, il demandait à d'autres retenus d'aller à l'infirmerie pour demander sa dose. Si le médecin lui avait donné sa dose, il serait encore parmi nous aujourd'hui. La veille du jour où il est mort, il tremblait beaucoup, il ne savait pas pourquoi, il se sentait malade. Peu de temps avant de mourir, il a décidé de faire une sieste et a demandé à son copain russe de le réveiller pour qu'il puisse aller à l'infirmerie qui ouvre à 15 heures. Son copain est venu une première fois, il a essayé de le réveiller, son visage était tourné vers le mur, on ne voyait pas très bien. Il a cru qu'il dormait profondément et il a préféré le laisser dormir. Dix minutes après, il est revenu. Cela s'est passé de la même manière. Du coup, il est allé chercher un autre retenu, et tous les deux, ils ont essayé de le réveiller, ils lui ont tourné la tête, il avait du sang sur le nez et la bouche, il était bleu turquoise, il était tout dur, tout raide, froid.5
IV L'expulsion
L'expulsion par avion d'un sans-papiers coûte en moyenne à l'État français 60 000 €6.
Des expulsions, ce sont des vies brisées, des familles déchirées, où les enfants restent en France tandis que le père est renvoyé dans un pays qu'il a voulu fuir.
En 2010, Zied TLILI, un étudiant tunisien, a été expulsé dans un bateau de la SNCM. Il a passé 25 heures dans une cale sur une surface de 1 m².
V Les lois appliquées
[À venir !]
VI Quelles solutions ?
Au vu de ce qui précède, il est clair que la situation des sans-papiers est très problématique. C'est une situation raciste où les étrangers sont traités moins bien que les Français, ce qui est contraire aux Droits de l'Homme, selon lesquels tous les humains sont égaux devant la loi.
Cette politique raciste, initiée sous Chirac voire avant, était au départ un phénomène inconnu. Il a fallu l'action courageuse d'associations comme le Réseau Éducation Sans Frontières pour faire sortir le phénomène de l'ombre et mettre l'horreur à la lumière.
Cette politique est aujourd'hui reprise par le gouvernement PS de Manuel VALLS, un parti de droite qui soutient le patronat depuis 1914.
Cette politique, il faut du courage pour la combattre. Il s'agit de se battre contre des monstres, et seul l'héroïsme est capable est capable de vaincre de telles créatures.
La plupart des sans-papiers n'osent pas parler de leur situation à leur entourage. Pourtant il faut. Ce n'est pas par la peur ni le repli sur soi que l'on se fait régulariser, mais par la lumière et la solidarité !
Parfois, la lutte collective gagne. Je citerai l'exemple de la famille Asatryan, des Arméniens menacés de mort dans leur pays d'origine cherchant asile en France. J'ai participé à cette lutte collective. Malgré quelques erreurs militantes, nous nous sommes battus à fond et nous avons gagné ! Les Asatryan sont revenus, ils sont en sécurité, ils sont régularisés.