Ah, l'unité et la division. Une sacrée problématique pour l'humanité, et pas seulement l'humanité d'ailleurs.
En ce moment même, on entend beaucoup parler de la Belgique et de ses problèmes de division entre la Wallonie, région francophone, et la Flandre, région parlant le néerlandais. Je ne vais pas essayer de démystifier le fin de l'affaire, les avis sur le sujet se mêlant dans une immense confusion, une personne affirmant même que le nombre de Belges qui comprennent la finesse du conflit entre les Wallons et les Flamands se comptent sur les doigts de la main. Je n'ai pas envie de me perdre dans ces détails techniques hautement prise de tête. A la place, je vais essayer de faire une réflexion très générale sur le problème de l'unité et de la division.
I Dans la politique française
II L'Europe, l'UE et l'Etat mondial
III A l'échelle des individus
IV Difficultés élémentaires posées par la Nature
V L'idéologie unitaire
I Dans la politique française
Tout d'abord, commençons par le commencement. La droite n'a jamais eu pour but de défendre l'intéret général : elle a toujours voulu favoriser une catégorie minoritaire de la population, sans regard sur les dégâts causés aux autres catégories de la population. La gauche, quant à elle, s'est surtout constituée en réaction à la droite : elle s'est souvent mise du côté des plus faibles, et a fait de la classe dominante un ennemi à combattre. Elle est, j'aurais envie de dire, très réactionnaire, dans la sens où elle réagit aux erreurs de la droite et de la classe dominante.
Un certain nombre de personnes de gauche, hélas peu nombreuses, ont dépassé le stade binaire avec d'un côté les opprimés, les « gentils », et de l'autre la classe dominante, les « méchants » : ils ont alors vu l'humanité dans sa globalité, et ont fini par se dire qu'en fait, il faudrait que tout le monde soit gagnant. A la fin de sa vie, Karl Marx fut de ceux là. De ceux que j'aimerais appeler, au sens fort du terme, « les unitaires ».
Revenons à la politique française actuelle. On pourrait se dire que la droite, avec sa mentalité de division, est très divisée, et que la gauche, depuis le temps, a fini par dépasser la vision binaire de l'humanité et d'embrasser une mentalité unitaire qui l'a unie. Et ben en fait pas du tout. Sarkozy a encore la mainmise sur l'UMP, et il y a peu, l'UMP contrôlait de façon tacite le Nouveau Centre (disons qu'Hervé Morin, le leader du Nouveau Centre, commence à affirmer l'indépendance de son parti). Quant à la gauche, elle est profondément disloquée : le PS est comme toujours secoué par les luttes intestines entre différents prétendants au trône présidentiel, quant à la gauche anticapitaliste, elle a essayé de s'unir, mais sans succès. Enfin, avec échec.
L'échec de la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire), qui voulait faire cette unité en créant le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste). Son erreur a été de vouloir centrer l'unité sur la LCR. Le parti a gagné un certain nombre de militants et de sympathisants, mais a pris mauvaise tournure en s'enfermant dans une contestation non constructive (anticapitalisme au lieu de communisme), et en adoptant des attitudes souvent qualifiées de « sectaires ». Par exemple, refuser de rejoindre derechef le Front de Gauche aux élections européennes et régionales, pour au final ne pas le rejoindre ou presque.
L'échec du Parti de Gauche, l'échec de tous ces mini partis ou groupuscusles qui veulent tous devenir le grand parti qui portera les aspirations de la classe dominée.
Les partis comme les syndicats cumulent scission sur scission : le Parti de Gauche de Mélenchon issu du PS, Gauche Unitaire (sic) issue du NPA, la Cé et la FSE issues de l'UNEF, et une bonne dizaine de syndicats de travailleurs, si ce n'est plus, issus de la Confédération Générale du Travail, aussi dénommée CGT, le tout premier syndicat national en France.
Quant à la LCR, le PCF, Lutte Ouvrière et le POI (Parti Ouvrier Indépendant), il semblerait qu'ils soient tous issus de la Section Française de l'Internationale Ouvrière, aussi appelée SFIO. D'un bloc uni, la gauche n'a cessé de se disloquer. Résultat des courses : Sarkozy rit, et rit encore.
Pourquoi le NPA avait-il tant de mal à faire l'unité ? Parce qu'il reprochait au PCF d'être, à la façon du PS, trop mou dans sa façon de faire valoir les idées de gauche. De manière plus générale se pose le problème suivant : dans une union au spectre large, les plus modérés vont accuser les plus actifs d'être des extrémistes, et les plus actifs vont accuser les plus modérés d'être des gros mous. Sans base commune solide, autant dire que l'union est vouée à l'échec.
Mais au fait, pourquoi la gauche a-t-elle tenté de s'unifier ? Tout simplement parce qu'elle s'opposait au projet de la droite, et que l'union fait la force. L'union fait la force : on ne le répétera jamais assez.
II L'Europe, l'UE et l'Etat mondial
Je tiens d'abord à distinguer Europe et Union Européenne. Ne pas le faire est d'une négligence méprisante envers nos camarades suisses, moscovites, et autres.
Qu'est-ce que l'Europe ? Il n'y a pas de définition certaine. Disons que l'Europe est la partie Ouest de l'Eurasie limitée par la chaîne de l'Oural à l'Est, en Russie, et le Caucase, au sud-est. Une partie de la Turquie s'y trouve, et pas des moindres puisque c'est là où il y a Istanbul. On rajoute habituellement un certain nombre d'îles environnantes à l'Europe, dont les principales sont la Grande Bretagne, l'Irlande, et l'Islande. Quant au Groenland, je ne sais pas : plutôt à l'Amérique ou plutôt à l'Europe ? On dirait que tout le monde s'en fout. Même si officiellement c'est une propriété du Danemark, il vaudrait peut-être mieux le voir comme un mini continent nordique entre l'Amérique et l'Eurasiafrique. Je signale au passage qu'il y a des gens qui vivent au Groenland, même si c'est pas très...vivable.
Bon, trêve de blabla, voici une carte :
Et ça c'est l'Union Européenne :
En classe de 4ème face à mon livre d'Histoire-Géo, j'étais tout enthousiaste à voir qu'il n'y avait pas que l'Union Européenne qui unissait des pays dans le monde : il y a aussi l'ALENA, le MERCOSUR, et d'autres unions encore. Voyez plutôt.
J'étais tout content, je me disais : « C'est super ! Quand l'Union Européenne formera un seul pays, que l'ALENA formera un seul pays, tout ça ça va avancer et fusionner, et au final on aura un seul pays avec une seule langue et une seule monnaie dans lequel la guerre aura disparu et où tous les gens s'entendront ! »
…
Quelle naïve illusion... Toutes ces unions n'ont nullement l'intention de créer l'unité au sein d'un Etat mondial. Elle n'ont même pas l'intention de devenir chacune un propre Etat. Les promoteurs de l'Union Européenne ne se posent jamais la question de la langue officielle d'un Etat que l'on pourrait appeler « Europa ». A côté de ça, ils se noient dans des discours creux et ridicules : « Oui, l'Europe, voyez cela, avant c'était la guerre, mais nous sommes lancés dans une très grande aventure, construire l'Europe, c'est palpitant, cela me donne de l'espoir, oui l'Europe, l'avenir. ».
En fait, toutes ces zones d'union sont ce qu'on appelle des zones de libre échange. Dans le cas de l'UE, c'est plutôt un accord de connivence entre les bourgeoisies de différents pays européens, avec des visées purement économiques. L'Union Européenne, c'est plutôt l'union des bourgeoisies européennes, face aux Etats-Unis et face aux classes dominées des pays de l'UE. Un bon nombre de lois nocives pour les masses apparues sous le règne de Sarkozy ne sont que l'application de lois de l'UE, lesquelles priment sur les lois nationales si jamais elles se contredisent.
Je voudrais aussi dire une chose : les Européens sont les maîtres de la division. Dans le sens où l'Europe a toujours été constituée de petits territoires, et lorsque ce n'était pas le cas (comme en 1914), les empires disparates ont vite craqué sous la pression des divisions internes.
L'Europe en 1914
L'Europe aujourd'hui. Bosnie-Herzégovine : serait-ce encore un signe de scission à venir ?
A noter que, pour un territoire aussi vaste, l'Europe est une des parties la plus morcelée du globe, aussi bien au niveau des frontières d'Etat que du relief. Voyez plutôt :
III A l'échelle des individus
Normes sociales, unité et division
Certaines normes sociales, comme le rejet de l'inceste, sont quasi universelles : elles unissent l'humanité plus qu'elles ne la divisent.
Seulement voilà, très souvent, les normes sociales mènent à des divisions. Je ne vais pas ici parler des différents « chocs des cultures » genre Christianisme vs Islam ou Islam vs Confucianisme, non, je vais parler de chocs des cultures qui se passent très souvent sous nos yeux et dont on ne parle pas assez.
N'avez-vous jamais vu, à l'école, des groupes soudés par l'imitation, ce que l'on appelle, des bandes, se moquer de ceux qui ne leur ressemblent pas ? Parce qu'ils ne marchent pas comme eux ? Parce qu'ils n'ont pas de Nike et de Adidas ? Parce qu'ils parlent Anglais avec un vrai accent Anglais en cours ? Parce qu'ils ont les cheveux longs ? Parce qu'ils ont les cheveux courts ?
N'avez-vous jamais vu, dans le monde du travail, des gens se faire rejeter parce qu'ils étaient habillés en jogging ? Parce que leur pantalon est un peu trop orange ? Merde quoi, n'avez-vous jamais vu cette terrible oppression de la norme sociale déchirer une partie de l'humanité autour de vous ? Jamais ?
Si vous voulez mon avis : plus la norme sociale est maniaque et pointilleuse, plus elle divise l'humanité. Comme me faisait remarquer un ami, se faire rencontrer deux personnes dogmatiques et d'avis différents a toutes les chances d'amener à un violent conflit. Alors quand les normes sociales pointilleuses se rencontrent, bonjour le cocktail. Venons en à la partie suivante.
Agression, tolérance et susceptibilité
Qu'est-ce que l'agression ? Lorsque deux personnes sont en conflit, l'un aura souvent tendance à dire que c'est l'autre qui a commencé. Si les choses étaient dites plus franchement, ça ressemblerait à une dispute de gamins du genre :
-C'est toi qui as commencé à me mettre un coup de pied !
-Non, c'est toi qui as commencé à dire que j'étais tout petit !
En creusant un peu, on finit toujours par trouver la première offense. La première offense, c'est ce que l'on appelle l'agression. Poursuivons notre dispute de gamins, c'est plus facile à comprendre.
-Et alors, qu'est-ce que ça fait ? C'est vrai, t'es tout petit, t'es même le plus petit de la classe.
Dans ce cas là, le gamin qui a reçu le coup de pied considère que dire à l'autre qu'il est tout petit (ce qui est le cas) n'est pas offensant. Il pense donc que c'est l'autre qui l'a agressé avec le coup de pied.
Le tout petit, lui, s'est senti blessé en se faisant qualifier de « tout petit ». Il a contre-attaqué avec un coup de pied.
Ainsi vont souvent les choses : tel pense agir correctement, mais son interlocuteur se sent agressé, et réplique. Tel se sent agressé, et, ne voulant pas se laisser faire, rend la pareille.
Il y a bien sûr d'autres cas de figures : l'agresseur s'en fout d'avoir agressé, l'agresseur reconnaît son agression, et la regrette (ou pas)... Mais je vais ici plutôt parler de la susceptibilité.
Etre susceptible, c'est se sentir agressé pour très peu de choses. Les gens susceptibles vont souvent accuser les autres d'être agressifs, violents, malpolis... Seulement voilà, je me pose la question : à partir de quand doit-on se sentir agressé ?
…
Je n'ai pas la réponse. Si vous pensez l'avoir, merci d'en faire part par commentaire (notez le dans un coin, il reste encore du texte à lire).
La tolérance, c'est tout le contraire de la susceptibilité : c'est de se sentir très difficilement agressé. Il n'est pas facile d'être tolérant : parler à une personne qui hausse le ton incite à hausser le ton. Je parlais de ce genre de choses avec une personne rencontrée lors d'un concert : elle disait que très souvent, les gens intolérants étaient les premiers à traiter les autres d'intolérants.
J'en profite pour m'excuser. Je suis loin d'être sans faille, et derrière ma bonne volonté et mes beaux discours, j'avoue que j'ai du mal à tenir le cap que je me donne. Il m'est arrivé, trop souvent, de faire des formulations maladroites, ou de parler sur un ton sentencieux ou dur. Trop souvent je n'ai pas réussi à me faire comprendre parce que mes propos ont offensé et bloqué la compréhension. Je ne peux pas toujours dire que c'est de la faute des autres. Très souvent le doute m'envahit : est-ce que j'ai vraiment été agressif ? Ou alors est-ce que c'est l'autre qui est susceptible ? Il n'est pas facile d'être tolérant. C'est pourtant ce que je veux. Je m'excuse si des fois je déborde. Désolé.
Parenthèse : critique de l'expression « imposer son opinion », « s'imposer »...
Imposer quelque chose, c'est s'arranger pour que cette chose soit nécessaire. Vouloir franchir un gros mur impose d'autres méthodes que de simplement marcher en travers. Parler impose au son de se propager dans l'air. Le simple fait d'exister, pour un être humain, impose de diffuser la lumière, et de constituer un obstacle physique, corporel, aux autres êtres humains.
« Tu n'as pas à m'imposer le fait de devoir te contourner pour pouvoir passer ! »
Bon, un peu de sérieux (quoi, y a vraiment des cinglés pour dire des trucs pareils ?). J'ai dit un peu de sérieux ! Bordel. Bien. Reprenons.
Je voulais ici dire à quel point l'expression « imposer son opinion » est creuse, tellement elle est mal utilisée. De même que toutes les expressions similaires avec le verbe imposer. Allez, on va prendre un exemple.
Dialogue 1 :
-PASSE MOI LE SEL ! [95 dB]
-Wow, non mais ça va pas ! [L'autre tend les mains pour prendre le sel de ses propres mains à 10 cm de l'autre personne.] Hé, non mais ça va pas ! [Elle prend le sel et le range en hauteur sur une étagère. On n'a qu'à dire que l'autre c'est un nain.] Voilà, et ben comme ça t'y toucheras plus.
Dialogue 2 :
-Tu pourrais me passer le sel s'il te plaît ?
-Bien sûr. [Elle lui passe le sel.]
Question : dans quel dialogue est-ce que la personne qui veut le sel s'impose ?
…
…
…
Réponse : dans le dialogue 2. En effet, dans ce contexte là, la suggestion est beaucoup plus forte que la force brute. C'est un des nombreux cas où suggérer, c'est imposer.
Le problème, c'est que la plupart des gens penseraient que c'est dans le dialogue 1 que la personne s'impose. Sur le coup elle ne s'impose pas du tout, au final le sel se retrouve hors de sa portée. Alors oui, des fois la méthode dure, ça marche.
Où je veux en venir ? Que ce qu'on appelle habituellement s'imposer... c'est tout simplement contraindre. Là encore surgit un problème : les gens susceptibles vont se sentir « contraints » beaucoup plus facilement. Se sentir coincé, c'est une autre histoire.
Et puis aussi , je voudrais rappeler une chose : on est toujours influencé par les autres, qu'on le veuille ou non.
IV Difficultés élémentaires posées par la Nature
Voyons les choses en face : l'unité est une bonne chose. L'unité amène à l'entente. Alors que la division, au sens où je l'entends ici, caractérise la source du conflit.
Actuellement, l'humanité est profondément morcelée, les disputes et les guerres ne cessent de nous pourrir la vie.
Il faut agir dans le sens de l'unité.
Mais la Nature nous pose des problèmes pour y arriver. Ce sont souvent de foutus problèmes techniques -des problèmes à la con, j'aimerais dire. Mais tous ces petits problèmes à la con s'additionnent et montent la barre.
Les deux premières sources de dispute chez les êtres humains, de même que de nombreuses espèces vivantes, sont, si je ne m'abuse, le partage du territoire et des ressources. Lorsqu'il n'y a pas assez à manger pour quatre dans une famille, le conflit est inévitable. Lorsqu'il n'y a pas assez de bois pour tout le monde dans un village, même topo. Lorsque deux agriculteurs en manque de terres se côtoient, ils peuvent être amenés à se la disputer.
Mais le problème est bien plus vaste que cela. En effet, le lion ne peut vivre que si ses proies meurent, les antilopes ne peuvent vivre qu'en détruisant l'herbe, les poiriers ne développent des gros fruits que si on coupe des jeunes poires, et ainsi de suite. Le monde vivant a l'air d'être une telle hypocrisie qu'on peut se demander si l'unité même est possible.
Ben... Retour à ce que j'ai dit sur la métaphore de l'étoile du marin[lien].
Il y a quand même largement de quoi limiter la casse ! Il y a des moyens de s'approcher de cette unité idéale : ne pas prendre plus que ce qui nous est du, par exemple.
Plus généralement : ne pas abuser.
V L'idéologie unitaire
Obstacles et échecs
Je viens déjà de donner un certain nombre d'obstacles à l'établissement de l'unité. Mais un certain nombre d'autres mériteraient d'être énoncés.
Tout d'abord, cette capacité, plus ou moins développée chez les gens, mais suffisamment forte pour rendre la tâche ardue, à défendre des opinions de manière dogmatique, comme si les perdre leur infligerait une blessure mortelle. Chose curieuse, un ami me faisait remarquer qu' « Aujourd'hui, le dogme, c'est d'être contre le dogmatisme. ». Lui, tout comme moi, sommes contre le dogmatisme ; mais nous ne pouvons que constater avec regret que des gens de professions scientifiques, censés être loin de tous les dogmes, répètent des assertions de manière dogmatique, sans les remettre en question. Je pense à la mécanique quantique et son interprétation de Copenhague, je pense à des lieux communs (ou, autrement dit, des phrases vulgaires) du genre « Le tout vaut plus que la somme des parties. », alors que ce n'est pas l'idée qui voulait être exprimée.
Aussi, un problème que je suis presque le seul à vouloir prendre de front : la barrière des langues. Sans langage commun, les gens ont un mal fou à se comprendre. Déjà qu'entre personnes de la même langue, il n'est pas facile de bien se comprendre, alors avec des langues différentes... Je pense qu'il faudrait vraiment un langage commun à toute l'humanité, une langue dédiée à la communication, pour que les gens puissent se comprendre.
Aussi, toutes les formes de patriotisme, nationalisme, régionalisme, particularismes, avec leurs attitudes excessives pour défendre un mélange de bonnes idées et de graines de discorde comme si leur famille se faisait attaquer par des brigands, rendent la tâche plus difficile.
Dans les partis politiques se pose toujours un dilemme : soit on se met dans un tout petit groupe où on est d'accord sur presque tout avec les autres membres, mais dans ce cas là le groupe n'est pas puissant, soit on se met dans un grand groupe disparate dans lequel on n'est pas d'accord sur beaucoup de choses avec les autres personnes, mais le groupe est plus gros, donc a priori plus fort.
L'idéologie unitaire a été défendue depuis longtemps et de multiples fois. Mais cela n'a pas marché. Tout d'abord, que les choses soient claires : quand je parle d'idéologie, je ne parle pas du tout d'une doctrine, je parle d'une idée-force, d'une idée très générale qui guide les actions de celui qui la possède. Je suis contre les doctrines.
L'Eglise catholique porte l'idéologie unitaire dans son nom : le mot catholiscisme vient du grec katholikos signifiant « général », « universel ». Car les premiers chrétiens considéraient le message du Christ comme universel, et destiné à l'humanité toute entière.
Les chrétiens étant convaincus d'avoir raison sur un message salvateur pour l'humanité entière, par générosité, ils ont cherché à diffuser ce message le plus possible. C'est une des raisons qui explique l'efficacité des missionnaires chrétiens partis enseigner le christianisme en Islande, en Afrique, au Japon, et partout dans le monde.
On sait bien que l'Eglise catholique a fait des erreurs. En Europe, elle a viré à un obscurantisme très fort, elle a élaboré de nouveaux dogmes, rendant même la Bible incompréhensible pour les gens étant donné qu'elle était lue en Latin et que personne ou presque ne parlait cette langue. Résultat : l'Eglise catholique, née d'une pensée unitaire, finit par se faire critiquer, les dissidences apparaissent, et au final, c'est une scission qui se produit avec l'apparition des Eglises protestantes, souhaitant renouer avec le christianisme d'origine (sans compter la scission de l'Eglise orthodoxe).
En Espagne, l'Inquisition a déployé les moyens les plus vils pour convertir les gens au christianisme, exerçant la terreur, pratiquant la torture et les exécutions publiques. C'est un exemple d'une des pires dérives de la pensée unitaire : le normalisme, le fait d'étendre une norme d'une façon conquérante.
De manière générale, il y a trois façons d'être unis : soit est déjà d'accord, et tout va bien, soit on une partie soumet l'autre à sa façon de pensée, soit on essaye de trouver un compromis.
Une solution audacieuse pour l'unité : le réalisme
La réalité est unique : c'est la chose qui nous unit le plus, celle que nous avons le plus en commun. Ce que je propose pour avancer vers une grande entente, c'est tout simplement de se baser sur la réalité des choses.
Faire les choses bien et chercher la vérité. La vérité n'est pas binaire, c'est quelque chose qui se construit, afin de nous amener à une meilleure description de la réalité.
Encore une fois, la raison et la logique vont aider à la tâche. Mais plus que tout, la clé qui débloquera toutes les situations pourvu qu'on l'utilise vraiment, c'est la remise en question. Remettre en question ses idées, remettre en question ses propres actes. Ecouter les critiques des autres, et les aider aussi à se remettre en question.
Cela n'empêchera pas les gens d'être différents et de faire ce qu'ils veulent, tant que ça ne gène pas les autres. Si on faisait plus attention à ce qui nous unit qu'à ce qui nous sépare, peut-être que les choses iraient mieux.
En attendant, je vous propose quelque chose qui devrait plaire à tous, et c'est par ici.